ENTRE PIERROT LUNAIRE, LE COCA-COLA... ET MATANE
by René Viau

Le Devoir mardi 24 avril, 1979

Le Devoir mardi 24 avril, 1979

"Leopold Plotek présente jusqu’au 12 mai prochain ses huiles récentes à la galerie Yajima. Des huiles et des pastels gras sur acétate qui s‘inspirent de la suite Pierrot Lunaire. « J'ai essayé de retrouver, en peinture, cette espèce de sensation de développement presque aérien présente dans les 21 chansons du cycle de Shoenberg », d‘expliquer l’artiste. C’est une musique qu’il connait très bien et qu’il ne cesse d'écouter. « Même après quatre ans je n’y suis pas encore habitué. » 

Plotek voit entre ses pièces et les chansons du cycle de Shoenberg des correspondances qui, rappelle-t-il se situent à la fois autour d’une certaine caricature du pathétisme même du compositeur et aussi de la richesse formelle basée souvent sur la relation entre un petit nombre d’éléments musicaux. Ce sont des peintures trés denses. Un travail acharné. Lentement, retravaillant chaque toile, l‘artiste en arrivera à ces éléments simplifiés et ténus. La trace des decisions antérieures de l’artiste reste visible, participant à la composition d’ensemble. Habitués que nous sommes a l'acrylique — le peintre a d‘ailleurs ici exploité  brillamment l'effet onctueux de l'huile en utilisant des diluants inattendus: huile à moteur, huile d'olive... laissant visible l’agitation du pinceau — ces peintures déroutent et séduisent surtout par leur tonalité éteinte et une grande puissance poétique. Ces toiles à la fois architecturées et fluides, où les formes en goutte d'eau et en arabesques dominent sont très prenantes, grâce aussi a l‘héritage visuel sous-jacent qu’elles explorent.